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Portrait de Jayne Ireland

[Photo de l'article]

Un article fait le portrait de ma maman dans « Notre Île », le mensuel d’informations locales de ma commune L’Île-Saint-Denis. Elle a été interviewée à l’occasion de l’obtention de sa médaille de la Légion d’Honneur et de son départ pour le Danemark.

Voici le transcript numérique du « Portrait-Métier » de l’édition de janvier 2009 :

Jayne Ireland

L’Île va compter une habitante de moins. Jayne Ireland, îlodionysienne engagée, Américaine et nouvellement décorée du ruban rouge napoléonien, prend sa retraite au Danemark. Pour nous, elle a accepté de se retourner sur quarante années françaises, dont trente dans « notre sympathique village ».

« Je suis Américaine. Je suis venue en France après Mai 68 car mon premier mari, Roger Ripert, m’avait dit que c’était ici que le mouvement alternatif allait réussir… » dit-elle dans un joli sourire. Elle se souvient de la jeune fille de Boston, lancée à la découverte de la France « pays ingouvernable aux 365 fromages », des nouveaux fruits et des nouveaux légumes et surtout de l’apprentissage de la cuisine française. Des années de jeunesse qui ne sont pas placées sous le signe de la facilité. Jeune maman, elle assume de front le travail, maîtresse auxiliaire dans les collèges du 93, et la poursuite de son doctorat de chimie.

Du courage

Valeur centrale, un courage de pionnier américain. « C’était difficile d’aller au cours le samedi ou d’étudier le soir après une journée de travail quand ma fille dormait. Mais c’est très important que d’autres femmes sachent qu’on peut le faire » dit-elle. Au carrefour de son diplôme de chimie et son intérêt pour les aliments, elle trouve du travail dans un laboratoire (l’AFSSA) qui dresse une banque de données sur la composition nutritionnelle des aliments. Une œuvre scientifique qui lui vaut, à l’heure du départ à la retraite, d’accrocher à sa veste le fameux ruban rouge. Une distinction qu’elle arbore avec fierté mais en gardant une âme d’enfant. Si le chat perturbe l’entretien, elle lâchera sans hésiter les hochets du protocole pour le poursuivre avec un vaporisateur.

Autre valeur importante de sa vie, l’engagement. « Il est important de regarder au-delà de son cercle immédiat. On pense qu’on est petit et impuissant, mais ensemble on peut faire bouger les choses, ce n’est pas sans espoir » dit-elle.

Un espoir qu’elle a notamment rallumé au sein du groupe d’Amnesty International sur l’île et les alentours.

L’association internationale agit en mobilisant les opinions publiques en soutien aux personnes victimes de répression. Notamment en pétitionnant souvent avec efficacité pour les prisonniers maltraités ou injustement retenus. « Je suis quelqu’un de timide, mais avec le soutien d’un groupe comme Amnesty, on peut beaucoup » explique t-elle.

S’engager

Jayne Ireland laisse à L’Île-Saint-Denis beaucoup d’elle-même. Son fils, Sunny, jeune web-développeur plein de promesses habite ici. Le souvenir de sa fille Uranie aussi vit ici. La jeune artiste peintre qui enseignait à Villeneuve-La-Garenne est décédée subitement en 1997. Une vie entière. Une nouvelle s’ouvre au pays de son second mari. Les années françaises n’auront pas vu le triomphe ici d’un mode de vie alternatif promis et c’est paradoxalement des États-Unis que vient un vent d’espoir avec l’élection de Barack Obama. « Je suis née en 1947, notre génération s’est battue, pour que l’on accepte les enfants noirs dans les écoles. J’ai vu Kennedy et Luther King… Obama ne va pas tout changer, mais je suis à nouveau fière d’être américaine, lance-t-elle. Est-ce qu’on voit des sénateurs noirs ici ? »

2 Commentaires

  1. 1 Antoine :

    J’aimerais bien savoir comment ton blog à trouvé un lien entre ce billet et celui sur la circoncision :x

  2. 2 atomicbee :

    @Antoine : Ça te la coupe, hein ? :D

👨🏻‍🦰 Sunny Ripert

est un développeur web vivant à ParisContactArchives

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